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Les politiques économiques en Europe

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De même que les déterminants culturels, les déterminants macro-économiques jouent un rôle sur les pratiques de management et de gestion des ressources humaines.

Le modèle anglo-saxon

Le modèle anglo-saxon est un modèle dit "libéral", caractérisé par la prééminence du marché et par le refus de l'intervention étatique. La recherche du profit est le mot d'ordre des entreprises, car celles-ci sont détenues par des actionnaires, nettement distincts des managers et donc redevables de résultats devant ces derniers. Les actionnaires demandent des dividendes, ce qui pousse ainsi les managers à l'efficacité maximale. Naturellement, l'mportance des expert-comptables est supérieure dans les entreprises à celle des DRH.

Ce modèle libéral concerne la Grande-Bretagne, où il est teinté d'élitisme, mais également d'autres pays tels que le Danemark, où le libéralisme économique est toutefois associé à une forte politique sociale.

Le modèle rhénan

Le modèle rhénan correspond au capitalisme managérial coopératif que décrivait Chandler, c'est à dire qu'il se caractérise par la recherche de consensus, à la fois au niveau macro-économique et micro-économique. Les actionnaires n'y jouent pas un rôle déterminant, car les grandes entreprises sont contrôlées par de grandes familles ou par des organismes publics ou para-publics.

L'Allemagne illustre le mieux ce modèle d'économie sociale de marché (ou ordolibéralisme), élaboré par l’École de Fribourg et imposé par le chancelier Ludwig Erhard en 1948. Le pays compte à peine 10 % d'actionnaires individuels, soit trois fois moins qu'en Grande-Bretagne et la capitalisation boursière s'élève à 25 % du PIB, contre 100 % en Grande-Bretagne. L'entreprise allemande doit être pérenne mais également servir la société. Les bénéfices sont en priorité réinjectés dans l'activité, plutôt que de servir à verser des dividendes. Certaines entreprises stratégiques ne peuvent pas être vendues et d'une manière générale, les OPA hostiles sont rares. Dans la pratique, il n'existe pas de véritable concurrence entre les grandes entreprises allemandes, au contraire de ce que l'on observe par exemple avec les Français. Cha appelle cela le capitalisme managérial coopératif.

Le modèle rhénan s'applique également aux Pays-bas, où le chômage a été vaincu dans les années 1980 grâce à un consensus trouvé entre les syndicats, l'Etat et les patrons. Sachant que le travail manquait, l'idée était de le répartir entre les actifs, y compris les chômeurs, grâce au recours au travail à temps partiel et aux congés sabbatiques. Plusieurs centaines de milliers de Néerlandais acceptèrent ainsi par exemple de travailler pendant quatre ans en ne touchant que 80 % de leur salaire, ce qui leur permettait de jouir d'une année sabbatique pendant la cinquième année et surtout de faciliter l'embaûche de demandeurs d'emploi.

Le modèle rhénan concerne dans une moindre mesure les Belges, qui sont toutefois peu favorables à l'intervention de l'Etat, ainsi que la Suède et la Norvège, qui sont des économies mixtes de consensus avec un relativement fort Etat-providence.

Le modèle latin

Dans le modèle latin, parfois appelé "modèle du clan", les décisions dans les entreprises ne sont pas issues de la volonté des actionnaires ou d'un consensus entre les parties prenantes de l'entreprise, mais d'une structure centrale d'autorité, dont le but est de préserver l'intérêt de ses membres. Très souvent, l'Etat joue ce rôle, comme par exemple en Grèce où plus de la moitié de l'activité économique est contrôlée par l'Etat, son administration pléthorique et ses banques. Dans tous ces pays, les entreprises ne sont guère plus performantes que les Administations, ce qui rend difficile les nécessaires privatisations.

La Grèce est également connue pour les dynasties familiales à la tête de conglomérats, un peu à l'image de la Turquie, autre trait courant du modèle latin. Le cas français est un peu à la marge, puisqu'il revient à une élite de prendre les décisions. La moitié des dirigeants des deux cent plus grandes sociétés françaises sont issues de familles riches, contre un quart en Allemagne et un dixième aux USA. Près de 50 % proviennent des grandes Ecoles de première catégorie et notamment de Polytechnique et moins de 10 % sont autodidactes. A ceci s'ajoute la consanguinité des Conseils d'Administration : le PDG de BNP Paribas, Michel Pébereau, siège au conseil de cinq de ses propres administrateurs.

Ces trois modèles de politiques économiques sont ceux rencontrés en Europe, mais il en existe d'autres dans le monde. Par exemple, l'Asie du Sud-est, championne de la croissance économique et du changement rapide, se caractérise par une version non individualiste et non démocratique de la modernité capitaliste. Il s'agit d'une économie de marché sans capitalistes, mais avec de la concurrence). En Afrique, la croissance démographique est associée à une urbanisation deux fois plus rapide et au moins quatre fois pour les bidonvilles.

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Management des ressources humaines en Europe

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