Il ne fait pas de
doute que l'histoire d'un pays influence les pratiques observées dans les
entreprises, comme l'illustrent la décentralisation allemande nécessaire
à la coopération entre des provinces seulement réunies dans
un même Etat dans la deuxième moitié du XIXe siècle
ou la centralisation française héritée de l'époque
napoléonienne. P. D'IRIBARNE prolonge cette idée en affirmant
que les modes de coopération et de conflit, les rapports hiérarchiques,
et les relations observées dans les entreprises trahissent la prégnance
d'un événement historique traumatique. Par exemple, les méthodes
de gestion élaborées outre-Atlantique reflètent selon lui
une manière particulière de vivre en société : les
relations sociales sont vécues sur un mode contractuel hérité
des marchands pieux de 1620. De même, aux Pays-Bas, la logique du consensus
prime depuis l'Union d'Utrecht de 1579, pacte qui rassembla sept provinces avec
le projet de fédérer des blocs séparés. Et force est
de constater que les Pays-Bas sont aujourd'hui le pays européen de la tolérance.
Selon le principe de la columnisation, les différences de tous sont acceptées
et chacun conserve son identité. Enfin, la France serait marquée
par une logique de l'honneur héritée de la société
d'ordres de l'Ancien Régime et qui permet de comprendre certaines caractéristiques
traditionnelles des entreprises françaises. Notamment, la distance sociale
observable dans les usines françaises s'apparenterait à la hiérarchie
du vil et du noble caractéristique de la France pré-révolutionnaire.
Á travers le prisme culturaliste, P. D'IRIBARNE retrouve également
les raisons historiques du fort investissement des salariés dans leur travail,
du respect des règles et des devoirs propres au groupe auquel ces derniers
appartiennent, du conformisme inter-caste, etc. Les
institutions conditionnent les comportements économiques >>
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